Les décideurs discutent des défis de la conservation des forêts avec la communauté locale

Par Manoa Rajaonarivelo

À la veille de la COP26, Forest4Climate&People (en collaboration avec l’organisme de conservation Madagasikara Voakajy) a organisé la visite d'une communauté locale à la lisière de la forêt pour des décideurs hauts placés malgaches ainsi que des représentants du gouvernement britannique à Madagascar. Durant l'événement, un exercice innovant de jeu de rôle avait été effectué pour explorer les problèmes locaux.

Nous avons été ravis que la ministre malgache de l'environnement et du développement durable (Dr Baomiavotse Vahinala Raharinirina) ait participé à l'événement et ait amené des membres de son équipe, dont Julien Noël Rakotoarisoa (Directeur Général de la gouvernance environnementale à Madagascar) et Marc Behaja Rajaonarivo (Directeur Régional de l'environnement et du développement durable d'Alaotra-Mangoro). Ils ont rejoint David Ashley (SEM Ambassadeur britannique à Madagascar) et Lisa Barrett (Chef de mission adjoint à l'ambassade britannique) qui représentent le gouvernement britannique, lequel assure la présidence de la COP26. Outre ces personnalités ont également participé Alain Mparany Rasolofonjatovo (le chef de district) ainsi que Noelson Randriamahadera (le maire de la commune d'Ambohibary), et Solofojaona Ratsimanary (le président du fokontany d'Antsily). Ce fut l'occasion de contourner les habituels débats sur la table et de faciliter une discussion plus rapprochée et directe avec ceux qui sont sans doute les mieux placés pour comprendre les implications de la politique de conservation des forêts, la communauté locale.

L’évènement a été ouvert par Voahirana RANDRIAMAMONJY, Directeur Régional de Madagasikara Voakajy qui a appuyé haut et fort l’importance d’un tel évènement pour que la communauté locale soit entendue et qu'elle puisse échanger directement avec les décideurs. Mme la Ministre Baomiavotse Vahinala Raharinirina a ensuite repris sa volonté qui est d’être à l’écoute des voix locales et de pouvoir encourager les communautés et les gestionnaires dans leurs rôles de protecteur de la forêt.

Nous avons projeté notre film "Voix de la forêt" suivi d'une discussion ouverte entre les décideurs et la communauté locale. La communauté a renforcé les propos évoqués dans le film sur les difficultés liées à la mise en œuvre de la conservation et de la restauration. Rolland, un habitant d'Andranomandry, a réaffirmé la nécessité de prêter attention aux moyens de subsistance locaux pour que la conservation et la restauration soient efficaces, tandis que d'autres ont soulevé les défis liés au mauvais état des routes et des infrastructures de santé dans la région. D'autres personnes ont relayé les problèmes de propriété foncière ainsi que les problèmes engendrés par les migrants dans le domaine de la conservation.

La ministre a indiqué la nécessité de l'intersectionnalité pour mieux réaliser l'effort de conservation. Elle a également souligné la réforme politique en cours qui prend plus explicitement en compte les moyens de subsistance de la communauté dans la mise en œuvre de la conservation « Aucun projet de conservation n’est plus acceptable s’il ne tienne pas compte des subsistances des communautés locales… Nous allons protéger nos biodiversités, mais nous allons aussi protéger notre communauté ».

L'Ambassadeur britannique a souligné l'importance d'une telle discussion pour les futures négociations qui seront entreprises lors de la COP26, du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow par le Ministère. De telles voix sont cruciales, notamment pour négocier la manière dont les pays en développement comme Madagascar peuvent parvenir à arrêter la déforestation dans les années à venir.

 

Une partie inhabituelle du programme était un exercice de jeu de rôle. Une femme de la région a joué le rôle du ministre, tandis que d'autres personnes ont également échangé leurs rôles. Deux scénarios ont été explorés : 1) la communauté locale (VOI) qui envoie toujours des rapports sur les problèmes des migrants qui viennent et détruisent la forêt, mais elle ne reçoit jamais de réponse du ministère ou des autorités ; 2) l'échec de la VOI à contrôler le feu malgré le soutien qu'elle a reçu. Cet exercice a été très utile et a permis à tous les acteurs de mieux comprendre les positions et les responsabilités de chacun. En somme, cet exercice a révélé qu'il ne peut y avoir de résultat concret sans l'implication de tous.

La journée a aussi été une opportunité pour Madagasikara Voakajy d’annoncer leur nouveau financement Darwin afin de poursuivre leur soutien au renforcement de l'entreprenariat des jeunes dans la zone protégée de Mangabe. Les jeunes ont présenté un spectacle traditionnel pour transmettre un message d'espoir et sensibiliser à l'importance de la forêt et de sa conservation.

Une plantation d'arbres a également été effectuée pour participer à un effort de restauration à Madagascar avant la session de formation sur le changement climatique pour les jeunes menée par l'équipe de Forest4Climate&People. Pour clôturer la visite en beauté, une visite nocturne et matinale a été organisée pour les décideurs afin de leur permettre d'apprécier la biodiversité endémique de Madagascar. 

Date de publication: 26 Octobre 2021