Atelier de partage sur les enjeux sociaux de la restauration et de la conservation des forêts

Par Manoa Rajaonarivelo, Sarobidy Rakotonarivo & Mirindra Rakotoarisoa

 

Le manque de prise en compte des questions sociales (telles que les moyens de subsistance locaux et les problèmes de propriété foncière) peut constituer un obstacle important à la conservation et à la restauration efficaces des forêts à Madagascar. En collaboration avec le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, le projet Forest4Climate&People a récemment conduit et animé un atelier de partage pour aborder ces questions sociales dans la conception et la pratique des politiques. L'atelier s'est tenu du 12 au 16 octobre 2021 à Feon'ny Ala et dans des villages proches des aires protégées de Mangabe et Tortorofotsy. Il a rassemblé 36 participants, dont des autorités gouvernementales, des représentants de bailleurs de fonds, des praticiens de la conservation et du développement, des communautés locales et des universitaires.

Les objectifs de l'atelier étaient les suivants :

  1. réflexions préalables sur les enjeux sociaux de la conservation et de la restauration,
  2. partager les meilleures pratiques et les résultats de la recherche,
  3. faire avancer la réforme de la politique de sauvegarde sociale et environnementale des aires protégées (AP) à Madagascar,

responsabiliser les différentes parties prenantes et accroître leur confiance dans la compréhension et la prise en compte des questions sociales afin d'assurer une conservation et une restauration plus efficaces et équitables.

Les participants ont d'abord réfléchi aux raisons pour lesquelles la disparition des forêts se poursuit malgré trois décennies d'efforts de conservation et de financement. Le manque de responsabilisation des communautés locales et l'absence de prise en compte des moyens de subsistance locaux ont été perçus comme la cause principale. Cela a conduit à la réforme de la politique de sauvegarde sociale dans les aires protégées à Madagascar. Cette réforme est en cours sous la direction du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable.

Les résultats de nos recherches (Forest4Climate&People et P4GES) soutiennent également la nécessité d'une telle réforme. Nous avons montré que les sauvegardes sociales visant à compenser les impacts négatifs de la conservation de la forêt n'ont pas réussi à atteindre les personnes les plus touchées et que la valeur de la compensation unique, sous la forme de soutien à la recherche d'autres moyens de subsistance, était bien en deçà des coûts auxquels les communautés sont susceptibles de faire face en raison de la perte d'accès à la forêt dans les décennies à venir. Nos recherches suggèrent également que le manque de clarté des droits fonciers peut constituer un sérieux obstacle à une reforestation efficace et qu'il sera impossible d'étendre la restauration des paysages forestiers à Madagascar sans déployer des efforts ciblés pour résoudre les problèmes fonciers.

Les participants à l'atelier ont eu l'occasion de commenter le projet de réforme et de partager les principales contraintes auxquelles ils sont actuellement confrontés dans la mise en œuvre de la politique de sauvegarde (comme le manque de ressources et l'implication d'autres secteurs). La mise en œuvre de l'accord formel entre les communautés locales et les gestionnaires d'aires protégées ("Convention de gestion communautaire") a également figuré parmi les questions les plus controversées soulevées lors de l'atelier.

Les participants ont également discuté des raisons pour lesquelles l'éthique est d'une importance capitale pour garantir que les actions ne nuisent pas aux gens. Nous avons exploré quelques dilemmes éthiques auxquels les acteurs de la conservation et du développement pourraient être confrontés ou ont été effectivement confrontés et nous avons réfléchi à ce que nous devrions faire dans de tels scénarios.

L'atelier comprenait une visite d'une journée dans un village à la frontière de la forêt pour permettre aux participants d'interagir directement avec les communautés locales et de discuter en profondeur des questions sociales soulevées le premier jour.

Nous avons terminé la visite sur le terrain par une plantation d'arbres commémorative avec les communautés locales, signe d'espoir d'un avenir meilleur et d'unité.

L'atelier a également permis de partager les meilleures pratiques et les réalités de la mise en œuvre et de l'évaluation des approches de sauvegarde sociale au sein des aires protégées. Les représentants des bailleurs de fonds ont d'abord parlé de leurs politiques de sauvegarde et ont abordé les questions de transparence dans l'évaluation de l'efficacité des projets qu'ils financent. Quelques praticiens de la conservation et du développement ont ensuite partagé leurs approches de sauvegarde sociale et de développement durable au sein de leurs sites de conservation et de restauration. Ils ont également parlé des défis auxquels ils ont été confrontés et des facteurs qui ont le plus contribué au succès ou à l'échec de leurs activités. D'autres participants ont réfléchi sur la manière de générer des fonds pour des approches similaires et de les mettre à l'échelle dans leurs sites respectifs.

Dans l'ensemble, l'évaluation de la formation par les participants a été très positive. Fredo Tera de Madagascar Biodiversity Partnership (MBP) a déclaré : "Cet atelier était très riche. En tant que gestionnaire, j'ai appris de nouvelles façons de communiquer avec la communauté et de mieux comprendre leurs points de vue. J'ai également acquis de nouvelles idées à travers les différents échanges pour nos activités de restauration, pour appliquer un soutien durable aux moyens de subsistance, en particulier pour ceux qui vivent à proximité de l'AP".

Bruno Rajaspera (Conservation International) a dit. "Encore grand merci pour l’organisation de cet atelier d’échange qui a été très positif, tant dans le contenu que le format. Les discussions ont été très riches et ont permis de mettre le doigt sur les sujets les plus convoités du moment (RPF, foncier, sauvegardes…). Ces réflexions nous aident beaucoup dans la mise en œuvre de nos projets actuels."

Tiana Randriamboavonjy (Kew Madagascar) a dit "Je voudrais vous remercier encore pour votre initiative d’organiser cet atelier qui nous a permis de réviser notre approche/méthode de travail sur la mise en œuvre des actions de conservation et de restauration dans notre site à Itremo."

Institution

Dénomination

Nombres participants

Governmental agencies 

Direction de la Gourvernance Environnementale, Direction des Aires Protégées des Ressources Naturelles renouvelables et des Ecosystemes, Direction Régionale de l'Environnement et du Développement Durable, Office National de l'Environnement

05

International NGOs

Durell, Money for Madagascar, SEED Madagascar, Wildlife Conservation Society, Conservation International, Rainforest Trust, World Wide Fund for Nature, Royal Botanical Gardens Kew.

08

National NGOs

Madagascar Biodiversity Partnership, Fondation Tany Meva, Madagasikara Voakajy, Fanamby, Fond d’Intervention pour le Développement, Impact Madagascar, Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar, Madagascar National Parks, Asity Madagascar, Sadabe

13

Private sector

Ambatovy (une importante mine commerciale)

01

Civil society

Natural Justice

01

Researcher/ Academics

Forest 4 Climate & People, ESSA-Forets, Université d'Antananarivo

05

Local communities

Association Mitsinjo, VOI Maromizaha

02

Date de publication: 19 Octobre 2021