Renforcement de la capacité des gestionnaires pour une conservation plus résiliente et équitable à Madagascar
Par Sarobidy Rakotonarivo, Manoa Rajaonarivelo, Sanda Rakotomalala, Mirindra Rakotoarisoa, Veloson Manankery, and Neal Hockley
Pour une conservation résiliente et équitable, les gestionnaires d'AP aspirent à une meilleure compréhension et prise en compte des enjeux sociaux. A cette fin, le projet MiRARI a mené une formation de cinq jours du 6 au 10 février 2023 à Andasibe et dans les villages proches des AP de Torotorofotsy et Maromizaha. La formation a rassemblé 16 gestionnaires d'aires protégées (AP) de tout Madagascar et a impliqué deux représentants des communautés locales. La formation visait à aider les gestionnaires à comprendre et à mieux gérer les aspects sociaux tels que l'identification et la mesure des impacts sociaux des AP et des projets de sauvegarde et de développement autour des AP. L'objectif était de les aider à concevoir, mettre en œuvre et évaluer des projets de sauvegarde et de développement, et à estimer les niveaux de financement requis de manière réaliste.
Les différentes thématiques abordées comprennent :
- Les principes de la sauvegarde sociale et ses implications,
- Les principes éthiques liés à la gestion de l'AP,
- L'identification et le suivi des différents impacts sociaux des AP et des projets de sauvegarde et de développement autour des AP,
- Identification des populations affectées par la création d'AP et des bénéficiaires des projets de sauvegarde et de développement,
La formation a débuté avec une interaction directe des participants avec les communautés à Torotorofotsy. Nous avons procédé au visionnage du film "Voix de la forêt" pour partager et initier diverses discussions thématiques entre les participants et les communautés locales. Le film a été suivi d'un jeu de rôle qui a permis aux participants de se mettre à la place des différents acteurs de la conservation : communautés locales, gestionnaires d'aires protégées et les bailleurs de fonds. L'enthousiasme des participants a donné lieu à des débats à la fois animés et hilarants et a permis aux communautés locales de partager leurs points de vue avec les gestionnaires d'aires protégées, contribuant ainsi grandement à la formation.
De retour en classe, les participants ont discuté des principes des sauvegardes sociales et de leurs liens avec la réduction de la pauvreté et le développement durable. Cela comprenait un examen de ce que la loi malgache et les normes internationales exigent des gestionnaires d'aires protégées en termes de sauvegardes sociales. Cette présentation a été complétée par les principes clés de l'évaluation d'impact (tels que l'importance des contrefactuels) et les résultats du projet de recherche P4ges sur les impacts de la conservation sur les communautés locales.
Les participants travaillant sur l'importance du suivi et de l'évaluation des impacts sociaux et économiques de la conservation.
La formation comprenait plusieurs sessions interactives pour amener les gestionnaires d'AP à réfléchir sur leurs approches du suivi et de l'évaluation des impacts sociaux. L'une de ces sessions était axée sur l'exploration de ce que les gestionnaires feraient lorsqu'ils seraient confrontés à une multitude de dilemmes éthiques dans des scénarios de conservation (par exemple, comment le consentement libre, informée et préalable est mis en pratique dans la création d'une nouvelle AP).
Nous avons également présenté nos principales recommandations pour la réforme en cours du Cadre de Gestion Environnementale et Sociale menée par le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, notamment sur la Convention de Gestion Communautaire. Cet convention, signée entre le gestionnaire et la communauté locale, est un outil de gestion établi par le Code des Aires Protégées et énonce clairement les droits et obligations des communautés locales et du gestionnaire ainsi que leurs modalités d'intervention dans la gestion de l'AP. La mise en place d'une convention de gestion communautaire devrait permettre d'éviter les conflits et d'atténuer les problèmes sociaux liés à la conservation. Notre projet prévoit de mener des ateliers pilotes de renforcement des capacités des communautés locales et des gestionnaires dans la négociation et la mise en œuvre de cette convention dans trois aires protégées de Madagascar, en partenariat avec Impact Madagascar, Royal Kew Botanical Gardens Kew, Madagascar National Parks et Natural Justice.
Le dernier jour de la formation, les participants ont eu l'occasion de mettre en pratique des méthodes de suivi et d'évaluation des impacts des AP et des projets de sauvegarde et de développement. Ils ont pu tester diverses méthodes d'évaluation telles que la méthode du choix discret, la méthode d'évaluation contingente (en utilisant une approche de tri aléatoire de cartes), des enquêtes structurées et des méthodes qualitatives (SAPA). Ils ont pu réfléchir aux avantages et aux inconvénients de ces méthodes, à la validité et à la fiabilité des données recueillies, à la représentativité des échantillons auprès desquels les données sont collectées et à l'importance d'une évaluation indépendante. Défiant les normes, les communautés locales ont cette fois joué le rôle de formateurs, passant de "répondants fictifs" à des commentateurs sur les méthodes utilisées et les techniques d'entretien, etc.
Dans l'ensemble, les participants ont trouvé la formation claire, perspicace et conforme à leurs attentes. Un participant a noté que
“la formation en générale est satisfaisante et répond exactement à ce que j'attends sur l'aspect de sauvegarde sociale et les aspects éthiques de son implémentation. L'enrichissement n'est pas en reste malgré le temps assez court.”
L'atelier a également encouragé les participants à s'approprier les acquis de la formation pour les appliquer dans leur travail et proposer des recommandations pratiques pour la conception, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des activités de sauvegarde au sein de leurs organisations respectives. Avant de partir, les participants ont été invités à préparer un court plan d'action des choses qu'ils prévoyaient de changer ou de communiquer à leurs collègues dans leurs organisations. Nous ferons un suivi avec les participants dans quelques mois pour discuter de la façon dont ils ont mis en œuvre leur plan, et de tout soutien continu dont eux ou leurs organisations pourraient avoir besoin.
Institutions |
Names |
Number of participants |
ONG Internationale |
SEED Madagascar, Wildlife Conservation Society, World Wide Fund for Nature, Royal Botanical Gardens Kew, ONG l’homme et l’environnement. |
06 |
ONG Nationale |
Madagascar Biodiversity Partnership, Madagasikara Voakajy, Impact Madagascar, Madagascar National Parks, GERP, Asity Madagascar, Sadabe |
07 |
Secteur Privé |
QMM Fort-Dauphin |
01 |
Chercheur/ Académicien |
ESSA-Forêts from the University of Antananarivo, and Bangor University, Wales, UK. |
07 |
Communauté locale |
VOI Maromizaha & FKMBVV Torotorofotsy-Menalamba (Association de femmes) |
02 |
Date de publication: 28 Février 2023