Journée mondiale de l’Environnement : Une chercheuse de Forest4climate&People participe à un débat télévisé en direct avec le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable
Par Mirindra Rakotoarisoa
Inspirée par la Journée Mondiale de l’Environnement, la chaîne de télévision malgache Radio Television Analamanga (RTA) a animé un débat télévisé (également diffusé en direct sur Facebook) sur les forêts malgaches et le développement durable. Le panel de haut niveau était composé du Dr. Vahinala Baomiavotse Raharinirina (Ministre de l’environnement et du développement durable de Madagascar MEDD), M. Ndranto Razakamanarina (Président de la plateforme de la société civile Alliance Voahary Gasy), Mme Claudie Razafintsalama (du Groupement National des Exploitants Forestiers de Madagascar GNEFM), et Mme Alexandra Rasoamanana (de Malagasy Youth Biodiversity Network) qui gère le projet « Concilier gestion durable des AP et réduction de la pauvreté ».
Le débat s’est ouvert sur la manière de trouver un équilibre entre la conservation des forêts et l’exploitation forestière commerciale à Madagascar. « La demande de bois augmente avec la croissance démographique, ce qui accroît la pression sur nos forêts », a déclaré Mme Claudie Razafintsalama du GNEFM. Pour surmonter cela, le Président de l’Alliance Voahary Gasy a appelé à une restructuration du système de gestion des forêts et des aires protégées pour véritablement concilier le développement rural et la protection de l’environnement.
Des questions liées aux crimes environnementaux et aux exploitations illégales ont également été soulevées, y compris une discussion sur les raisons pour lesquelles il est si difficile de s’y attaquer. Le Ministre a expliqué qu’ils travaillent avec le ministère de la Justice pour lutter contre ce fléau. Cependant, Alexandra Rasoamanana (de Forest4climate&People) a reconnu que le type d’approche de tolérance zéro adoptée pour les infractions à grande échelle n’est pas l’approche la plus appropriée pour les populations tributaires des forêts ; en particulier celles qui se sont établies avant la mise en place des aires protégées. De plus, elle a souligné l’importance de prendre en compte les besoins de ces communautés forestières lors de la mise en œuvre de la politique forestière.
La question épineuse de la migration a également été abordée. Le Ministre a reconnu que le manque d’investissements et d’infrastructures dans les régions, combiné aux changements climatiques, pousse les populations à migrer vers les zones forestières. Il existe des problèmes de stigmatisation des migrants et ils peuvent accroître la pression sur les ressources naturelles, a déclaré le Ministre.
La deuxième partie du débat a porté sur la perception du développement durable par les panélistes. Alexandra Rasoamanana a souligné l’intérêt que les jeunes ont pour le développement durable parce que ce sont eux qui hériteront de l’avenir. Elle a déclaré qu’il est ainsi nécessaire d’accorder une attention particulière aux jeunes dans l’élaboration de toute politique publique. Elle a expliqué que Madagascar a une population jeune qui se traduira par une augmentation de la population. Ndranto Razakarimanana de l’Alliance Voahary Gasy a expliqué que le développement durable doit allier développement économique et préservation de l’environnement et que cela nécessite à la fois une bonne gouvernance et une vision commune à long terme. Enfin, Claudie Razafintsalama a ajouté que la perception du développement durable diffère d’un individu à un autre, d’une communauté à une autre, d’une partie prenante à une autre et qu’une éducation civique à tous les niveaux est nécessaire.
La conclusion générale était que les questions environnementales ne devraient pas rester un domaine pour les environnementalistes. Pour être en mesure de protéger l’environnement et de réaliser le développement, il est nécessaire, voire impératif, de promouvoir une approche multisectorielle, une meilleure inclusion de toutes les parties prenantes pour aboutir à une vision commune à long terme.
Alex Rasoamanana a dit : « Les jeunes et les communautés locales sont souvent marginalisées dans le processus décisionnel des politiques publiques ; or, leur absence dans la formulation des politiques peut facilement mener à des décisions qui renforcent les inégalités et l’injustice sociale. »
Vous pouvez voir l’intégralité du débat sur ce lien.
Date de publication: 12 Septembre 2020